Dimitri de Wool-E Discs avait appris que j’avais fait partie d’un groupe dans les années 80 et m’avait demandé à écouter
Les années 80 n'ont pas encore dévoilés tous leurs secrets. Prenez The Ultimate Dreamers par exemple. Ils ont joué sur les scènes de Lessines et ses environs de 1986 à 1990, mais cela n'a jamais conduit à un disque. Jusqu'à maintenant. Après une plongée dans ses archives, le chanteur Frédéric Cotton - également connu pour les concerts Fantastique.Nights et les soirées Club New Wave à Bruxelles - a trouvé suffisamment de chansons pour sortir un disque, sorti sur Wool-E Discs et Dans Les Profondeurs . De plus, le groupe se reforme pour l'occasion et donnera plusieurs concerts dans les prochains mois, à commencer par la première au CaliClub de Drogenbos le 2 octobre.
C’est donc dans ce contexte que The Ultimate Dreamers a vu le jour. Comment le groupe s’est formé ?
Nous étions encore à l’école secondaire quand nous avons créé le projet No Position, avec Joël à la batterie, Laurent à la basse et moi-même au synthé et au chant. Deux autres types jouaient également du synthé. Nous n’avons joué que deux concerts puis Joël, Laurent et moi, qui avions des goûts plus dark, avons pris la tangente pour créer The Ultimate Dreamers.
Si j’ai bien compris, le groupe a commencé en tant que trio plutôt axé sur les synthétiseurs, puis a évolué en incluant plus de guitares. Peux-tu nous donner plus de détails sur cette évolution ?
En effet. Au départ, nous utilisions une boîte à rythme, des synthés mais aussi une basse très présente. C’était une formule qui offrait beaucoup de possibilités. Puis Laurent, qui était multiinstrumentiste, a repris la batterie et nous avons confié la basse à un nouveau venu: Bertrand. Un peu plus tard, je me suis mis à la guitare, ce qui nous a fait évoluer vers un son plus dur, un peu plus rock.
En effet. Comme il ne se passait rien à Lessines, nous avons décidé d’organiser nous-mêmes notre petit festival. Nous avons évidemment fait les erreurs de débutants et avons eu les ennuis prévisibles avec la SABAM (avec m comme mafia), la police, la commune, etc. Il y a eu 3 éditions de ce Summer End Festival, avec des groupes tels que Designed To Die, Heaven’s Above, Courtisan Holy ou Nijinsky, si je me souviens bien. Quelques personnes m’en parlent encore parfois.
The Ultimate Dreamers s’est arrêté en 1990. Qu’est-ce qui a mené à la fin du groupe ?
Comme d’autres groupes, nous n’avons pas splitté. Il faut plutôt parler de longue pause que de fin. Laurent nous a d’abord quittés pour se consacrer à d’autres projets qu’il menait en parallèle, notamment avec un groupe noisy pop (c’était le début des 90’s) appelé Mosaic Eyes et qui a eu un certain succès. Dans la foulée, Bertrand a décidé d’arrêter pour des raisons familiales. Après avoir testé quelques remplaçants sans succès, je me suis un peu découragé et je me suis concentré sur mes études. Joël a continué de son côté avec de nombreux projets très variés : des groupes, un label et même une carrière de catcheur !
Maintenant, vous sortez une compilation de The Ultimate Dreamers : ‘Live Happily While Waiting For Death’. Si j’ai bien compris, tu as pris le temps pendant le confinement pour parcourir tes archives à la recherche des derniers restants du groupe. Est-ce correct ?
Combien de morceaux as-tu trouvés pendant tes recherches et comment as-tu sélectionné les morceaux qui étaient aptes à sortir sur le disque ?
J’ai retrouvé 25 cassettes que j’ai rapidement digitalisées et écoutées. C’était comme un voyage dans le passé. Je n’ai pas compté le nombre de morceaux mais il doit y en avoir entre 50 et 100. J’ai fait un premier tri puis Dimitri et moi avons fait une sélection plus fine avec l’intervention de Bertrand et Joël. Enfin, on a fait digitaliser les cassettes dans un studio, puis restaurer et masteriser les morceaux retenus.
De plus, tu as ressuscité le groupe. Deux des anciens membres du groupe te rejoignent avec une nouvelle-venue pour promouvoir le disque en live. Comment as-tu réussi à réunir ces personnes ?
Bertrand et moi nous voyions encore régulièrement et j’avais encore des contacts avec Joël et Laurent. Initialement, on a discuté du disque. Puis l’idée d’un concert de présentation est venue. Finalement, on a vite retrouvé le plaisir de jouer ensemble. Après quelques semaines, j’ai contacté Sarah dont j’avais beaucoup aimé le jeu aux claviers dans le groupe de post-punk bruxellois Les Panties. Elle a accroché. On a répété ensemble et l’alchimie était là. The Ultimate Dreamers étaient de retour.
Le son du disque est très années 80. Est-ce que vous avez remis à jour certains morceaux pour leur donner un son plus moderne en live ?
Aujourd’hui, on te connait surtout en tant qu’organisateur des concerts Fantastique.Nights et des soirées Club New Wave. Était-ce une évolution naturelle de passer de musicien à organisateur de concert ?
Peut-être. Comme je l’ai dit précédemment, j’ai en fait commencé à organiser des concerts dès le début. J’ai continué quand j’étais étudiant à Mons puis à Bruxelles. Après quelques années calmes, j’ai repris vers 2000 quand j’ai intégré l’équipe du fanzine Khimaira et du webzine LeFantastique.net (d’où le nom de Fantastique.Nights) comme chroniqueur puis comme responsable musique. Les concerts m’ont toujours passionné. Les soirées ont surtout un intérêt financier qui permet de continuer à monter des concerts.
Nous avons tous vécu une période incroyable qui a secoué toute la planète à bien des points de vue. En tant que professionnel de la santé en milieu universitaire, ça a été très stressant par moments mais aussi très intense. A un moment, face aux erreurs répétées de certains ministres, j’ai ressenti le besoin de réagir. J’ai écrit une carte blanche dans le journal Le Soir qui a fait beaucoup de bruit, surtout côté francophone et je me suis retrouvé projeté sur la scène médiatique. C’est une situation qui apporte beaucoup de problèmes, finalement. Il n’y a pas que Van Ranst qui a attiré des fous dangereux. Retrouver The Ultimate Dreamers m’a permis d’échapper à la bêtise des complotistes en tous genres (malheureusement assez nombreux dans la scène dark).
Si on combine ton expérience en tant qu’organisateur et ton expertise en médecine, tu dois bien avoir un avis sur la reprise des concerts et de la vie nocturne alors que le virus est toujours actif. Raconte !
En tant qu’organisateur, je me suis montré très prudent car les vagues successives étaient prévisibles. Les annulations sont démotivantes et coûteuses. A présent, je suis plus confiant car la population a globalement une bonne protection grâce à la vaccination. Mais la crise n’est pas terminée. Trop de gens refusent encore les mesures utiles avec des arguments souvent stupides. On risque encore de voir de petites vagues mais rien de comparable à ce qu’on a connu en 2020. Temporairement, le covid safe ticket ou le covid pass peuvent encore être très utiles.
Photos du groupe par Xavier Marquis
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